đŸȘšKitsushi

Loin, dans la pĂ©riphĂ©rie cĂŽtiĂšre du pays de la terre, rĂ©sidaient les membres du clan de la pierre, alors en totale autarcie, tous investis dans un unique art, celui de la sculpture. Ils vivaient de l’export de leurs crĂ©ations Ă  travers tout le globe. Pour une raison qu’ils ignorent encore, tous perdirent du jour au lendemain la mĂ©moire, dĂ©couvrant un monde en ruine.

Leur maniĂšre de combattre cette perte mĂ©morielle fut toutefois pour le moins originale. Choisissant de se muer dans la sĂ©dentaritĂ©, profitant de la condition suffisante du cadre cĂŽtier de leur localisation. Sur place, ils tenteront tant bien que mal de s’accoutumer Ă  nouveau Ă  leur quotidien. InspirĂ©s par les nombreuses sculptures bĂąties par leurs soins, ils tenteront de reprendre cette pratique, se dĂ©couvrant assez vite une grande affinitĂ© avec la roche. Une paix certaine qui dura, de longues annĂ©es, et, bien qu’incapable de dĂ©terminer les raisons de l’évĂšnement passĂ©, les membres de ce clan dĂ©cidĂšrent de cultiver un assez inĂ©branlable stoĂŻcisme. Certes, leur mĂ©moire leur faisait dĂ©faut, et alors, qu'aurait-il bien pu y faire?

Une longue paix qui persista, jusqu’à ce qu’un bataillon d'Ă©claireurs ne tombe sur eux. Dans un Ă©change assez Ă©trange, les deux groupes discutĂšrent de leurs conditions respectives, par les Ă©claireurs, les membres du clan Kitsushi apprirent que leur cas n’était pas une singularitĂ©, et le monde passĂ© avait sombrĂ© dans un oubli incomprĂ©hensible.

AprĂšs une relativement longue discussion, les deux groupuscules se saluĂšrent et les Ă©claireurs reprirent leur marche, non sans complimenter toutes les sublimations de la roche rĂ©alisĂ©es par les artisans. Ils revinrent quelques annĂ©es plus tard Ă  la rencontre des Kitsushi, faisant une offre : leur compĂ©tence dans la gravure de la roche Ă©tait parfaite pour dĂ©corer un village militaire nouvellement restaurĂ©. Les membres du clan acceptĂšrent cette proposition Ă  la seule condition d’ĂȘtre bien logĂ©s et nourris. Un accord suffisant qui plut aux deux parties.

Ainsi les maĂźtres de la roche quittĂšrent leur bourgade d’origine, laissant derriĂšre eux, le cƓur un peu lourd, la totalitĂ© de leurs crĂ©ations. Ils furent dirigĂ©s jusqu’au village d’Iwa, une structure Ă©difiĂ©e Ă  flancs de monts. DĂ©couverte qui ravit l’esprit crĂ©atif des sculpteurs, qui, aussitĂŽt arrivĂ©s, se mirent au travail. TrĂšs vite, leur affinitĂ© avec la manipulation de la roche marqua les militaires qui commençaient Ă  arpenter les rues habilement dĂ©corĂ©es du village. “Ces Kitsushis ont du potentiel, et pas que dans la sculpture” songera-t-on en les observant dĂ©placer et façonner des blocs de marbre pesant plusieurs tonnes.

On leur proposera puis dispensera une Ă©ducation plus militaire, un choix judicieux, car les Kitsushi s’avĂ©rĂšrent ĂȘtre d'excellents combattants. Certes, leur inexpressivitĂ© faisait d’eux de bien piĂštres commandants, mais par contre leur rĂ©silience, leur facultĂ© Ă  encaisser et leur force brute en faisaient de redoutables soldats. Ainsi, les talents d’artisan des Kitsushi devinrent peu Ă  peu une option, c’est leur force qui brillera sur la scĂšne internationale. Les membres de ce clan furent dĂ©pĂȘchĂ©s sur bien des opĂ©rations militaires revenant souvent victorieux. Mais en dĂ©pit de ces grandes capacitĂ©s combatives, ils n’hĂ©ritĂšrent jamais de responsabilitĂ©s relativement avancĂ©es.

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